Sculptures nomades & pèlerinage de sens

Les paradoxes de la foi




Les paradoxes de la foi ne sont pas des contradictions absurdes, mais des mystères lumineux. Ils semblent illogiques à l’intelligence humaine, et pourtant, ils deviennent d’une clarté limpide pour l’âme que Dieu éclaire. C’est une expérience personnelle, intérieure, intransmissible par les mots : seul Dieu donne la compréhension de ces réalités spirituelles.

« Le Verbe s’est fait chair » (Jn 1,14). Voilà déjà le plus grand des paradoxes : l’infini qui entre dans le fini, l’Éternel qui se fait temporel. Dans la logique du monde, se perdre, c’est disparaître. Mais dans la logique divine, « celui qui veut sauver sa vie la perdra, mais celui qui perdra sa vie à cause de moi la sauvera » (Lc 9,24).

Comment peut-on se trouver en renonçant à soi-même ? Comment peut-on goûter une joie profonde au cœur même de la souffrance ? L’Esprit Saint seul peut en faire le secret à une âme disposée.

Un autre paradoxe me visite ce soir : travailler pour Dieu semble être la pire des conditions humaines. C’est mal payé, il n’y a pas d’horaires, pas de repos, et aucun avantage social. Sur le papier, c’est de l’esclavage. Et pourtant, dans les faits, c’est l’inverse absolu. C’est dans le service libre et désintéressé de Dieu que l’âme découvre sa vraie dignité, sa vraie liberté, sa vraie joie.

Sainte Thérèse d’Avila écrivait : « Que rien ne te trouble, que rien ne t’effraie, tout passe, Dieu ne change pas. La patience obtient tout. Celui qui a Dieu ne manque de rien : Dieu seul suffit. »

La vérité, loin d’être dissimulée, est offerte à tous. Dieu ne se cache pas : il trône à la vue de tous, dans l’humble hostie, dans le cri du pauvre, dans le silence du cœur. Mais l’homme moderne fuit ce trône redoutable, car il exige le dépouillement, l’humilité, l’adoration. Comme le dit saint Augustin : « Dieu est plus intime à moi-même que moi-même. »

Souffrir, en Dieu, devient une science divine. Le Christ n’a pas fui la croix. Il l’a embrassée. Il l’a transformée. Quand vous souffrez, considérez que vous êtes admis à l’université de Dieu. Là, dans la douleur offerte, commence un apprentissage qui n’a pas d’équivalent.

« Nous nous réjouissons même dans les afflictions, sachant que l’affliction produit la persévérance ; la persévérance, la vertu éprouvée ; la vertu éprouvée, l’espérance » (Rm 5,3-4). Ce verset de saint Paul résume la logique divine : ce qui semble affaiblir l’homme l’édifie, lorsqu’il est uni au Christ.

Alors, ouvrez les yeux de l’âme. Tendez l’oreille du cœur. Prenez des notes non sur du papier, mais dans le livre de votre vie. Car Dieu parle. Il enseigne. Il console. Il convertit. Il élève.

Et dans cet enseignement silencieux, paradoxal mais plein de lumière, l’âme comprend peu à peu que l’Amour crucifié est la plus haute des sagesses.