Votre panier est actuellement vide !
Foi Confiance Amour
Tout ce qui existe a une raison d’être, même ce que nous ne comprenons pas. L’histoire humaine, dans toute sa complexité, est portée par une main invisible : celle de la Providence. Rien n’échappe à Dieu, rien ne Le surprend. Ce que nous appelons mal, contradiction ou absurdité peut, à une échelle plus vaste, être ordonné vers un bien plus grand que nous ne pouvons saisir.
L’homme de foi n’est pas celui qui a tout compris, mais celui qui se fie à Dieu. « La foi est une anticipation du savoir », écrivait saint Thomas d’Aquin. Il ne s’agit pas d’un aveuglement, mais d’un regard supérieur qui accepte le mystère parce qu’il fait confiance à Celui qui est la Vérité.
Dieu, dans sa sagesse infinie, peut permettre ce que l’homme rejette. Il peut tolérer des événements, des structures, des réalités, qui nous déroutent. Le mal lui-même, tout en restant ce qu’il est — une privation du bien — peut être, dans son dessein éternel, le lieu où l’amour grandit, où la foi se purifie, où l’espérance s’embrase. Saint Augustin le résume ainsi : « Dieu juge mieux du mal que l’homme du bien. »
Il nous faut donc nous abandonner. Abandonner nos prétentions à contrôler, à tout défendre, à tout expliquer. Il nous est demandé de chercher le Royaume de Dieu, non de le construire par nos propres forces. La tentation du zèle mal éclairé peut nous faire croire que Dieu attend de nous que nous soyons les gardiens d’une vérité comme d’un trésor humain. Mais ce trésor est divin : il est vivant, il est Esprit. C’est Dieu Lui-même qui garde la foi de l’Église.
Saint Jean Chrysostome écrivait : « La foi chrétienne est comme une plante que Dieu Lui-même entretient. Si tu veux la défendre par la force, tu risques d’en briser les branches. » Nous ne sommes pas appelés à défendre la foi par des moyens humains, mais à en être les témoins par notre vie, notre amour, notre fidélité. La foi se propage par l’amour et se défend par la sainteté.
Ce que Dieu nous commande, ce n’est pas de protéger la vérité par la violence ou l’angoisse, mais de nous aimer les uns les autres, de veiller les uns sur les autres. C’est là le cœur de la Loi, le résumé de toute l’Écriture : « Aime Dieu de tout ton cœur et ton prochain comme toi-même » (Mt 22, 37-39). Cet amour n’est pas sentimental, il est exigeant. Il suppose que nous renoncions à nous-mêmes, à nos jugements immédiats, à nos peurs. Il suppose aussi que nous croyions, profondément, que l’autre est un frère, même lorsqu’il semble être un adversaire.
Saint François de Sales disait : « Rien par force, tout par amour. » Cette phrase résume toute la pédagogie divine. Dieu ne contraint pas, Il appelle. Il ne force pas les consciences, Il éclaire. Et ceux qui Le suivent doivent faire de même : éclairer, accompagner, aimer, souffrir parfois en silence, mais toujours avec espérance.
Lorsque nous voyons le mal, la confusion, le relativisme, il est facile de s’inquiéter, de réagir avec crainte ou colère. Mais ce réflexe n’est pas évangélique. Le Christ, devant l’opposition ou l’injustice, n’a jamais répondu par la violence ou l’imposition. Il a aimé jusqu’au bout, en offrant sa vie. Il est notre modèle. « Le Christ n’a pas promis à ses disciples le succès mais la croix », écrivait Benoît XVI.
Notre mission est donc claire : chercher Dieu de tout notre cœur, faire grandir en nous la charité, veiller les uns sur les autres avec une tendresse surnaturelle. Il ne s’agit pas de construire un monde parfait, mais d’être des signes vivants du Royaume, des témoins de l’espérance, des serviteurs de l’amour. Dieu s’occupe du reste.
Cela demande une conversion permanente. Nous devons apprendre à voir l’histoire avec les yeux de Dieu. À reconnaître que son plan dépasse le nôtre. À croire qu’Il sait mieux que nous ce qu’Il fait. À nous rappeler cette parole de sainte Thérèse d’Avila : « Que rien ne te trouble, que rien ne t’effraie, tout passe, Dieu ne change pas. La patience obtient tout. Celui qui a Dieu ne manque de rien. Dieu seul suffit. »
Ce dépouillement intérieur, ce renoncement à la maîtrise, nous ouvre à la vraie liberté. La liberté des enfants de Dieu. Nous ne sommes pas responsables du salut du monde, mais de notre réponse à l’amour. Et cette réponse doit être radicale : un abandon total à la volonté du Père.
Il est important de se rappeler que les grandes figures de la foi, les Docteurs de l’Église, les saints, n’ont jamais cherché à imposer Dieu. Ils L’ont incarné. Ils ont permis à Sa lumière de briller à travers leur vie. Comme le disait saint Grégoire de Nazianze : « Sois illuminé, et tu illumineras ; sois pur, et tu purifieras ; sois juste, et tu rendras juste. »
Nous avons besoin aujourd’hui d’hommes et de femmes qui rayonnent la paix, qui ne répondent pas à la peur par la peur, au repli par le rejet, mais qui témoignent d’un Dieu qui aime, qui attend, qui sauve.
Il n’est pas question de nier le combat spirituel, mais de le situer à son juste niveau. Ce combat se livre dans le secret des cœurs, dans la fidélité à la prière, dans la résistance au péché, dans l’offrande de soi. La vraie victoire est celle de l’amour. C’est ce que nous enseigne la croix.
« La mesure de l’amour, c’est d’aimer sans mesure », disait saint Bernard de Clairvaux. Cet amour-là ne calcule pas, ne juge pas, ne se protège pas. Il se donne. Et c’est dans ce don que réside notre puissance véritable. Non pas dans la stratégie, ni dans la défense, mais dans l’abandon confiant.
Le chrétien n’est pas un gardien de musée, il est un vivant témoin de la Résurrection. Il n’a pas peur du monde, car il sait que le monde a déjà été vaincu par le Christ. Il ne se replie pas, car son cœur est habité par une promesse infinie. Il ne désespère jamais, car il sait que Dieu écrit droit avec des lignes courbes.
Ainsi, nous devons apprendre à marcher humblement avec Dieu, à aimer sans condition, à veiller avec douceur. À nous rappeler chaque jour cette vérité de saint Jean de la Croix : « À la fin, nous serons jugés sur l’amour. »
Tout le reste passera. Mais l’amour demeure. Et c’est cet amour, reçu de Dieu et redonné aux autres, qui construira le Royaume — non pas selon nos plans, mais selon la sagesse éternelle du Père.
Amen.