Votre panier est actuellement vide !
Converti par la Guardia Civil : confession d’un SDF en terre bénie
Dans ce petit village espagnol où je suis toujours – et dont je suis tombé éperdument amoureux comme on tombe amoureux d’un banc public ou d’un vieux chien borgne – je vis sans domicile, mais avec une foi renouvelée en l’humanité… et en l’autorité.
Français, SDF et presque invisible aux yeux du fisc, j’ai tout de même réussi à attirer l’attention de la police locale et de la redoutable Guardia Civil. Ils m’ont contrôlé tant de fois que j’ai fini par les saluer par leur prénom. J’en suis à me demander s’ils ne font pas des tours supplémentaires juste pour papoter avec moi.
Et à chaque contrôle, je me redresse, sourire aux lèvres, tendant mes papiers avec la docilité d’un agneau pascal. Car, comme dit Saint Paul : « Que toute personne soit soumise aux autorités supérieures » (Romains 13:1). Obéir à la Guardia Civil, c’est donc quelque part obéir à Dieu. Et moi, j’ai toujours eu un faible pour les uniformes célestes.
Au fil des jours, une étrange amitié est née. Saluts militaires, poignées de main viriles, petites tapes fraternelles dans le dos… L’un d’eux m’a même offert un café. Si ce n’est pas l’Esprit Saint qui souffle là-dedans, je ne vois pas.
Résultat : les villageois me regardent désormais avec une suspicion mêlée de superstitions. Certains m’évitent comme on évite les statues qui saignent ou les types qui parlent aux pigeons. Ils voient d’un mauvais œil ce SDF qui serre la main des gendarmes avec l’entrain d’un maire le jour de la galette.
Mais que voulez-vous ? Dans ce petit coin d’Espagne, entre la grâce divine et les contraventions, j’ai trouvé ma place. Un peu bancale, certes, mais bénie.