Sculptures nomades & pèlerinage de sens

Abandon et Foi : Le Chemin du Dépouillement




Un corps à bout, une âme en prière



J’y suis. J’ai atteint un degré de fatigue physique qui annihile ma volonté. Mon corps ne me porte plus. Je n’ai même pas la force de tendre la main pour mendier. Chaque mouvement est une lutte. En plus de l’épuisement, une douleur sourde me vrille les côtes. Une chute sur le béton, lors d’une partie de basket improvisée, a laissé son empreinte sur moi.

Je prie. Je sais que Dieu ne me laissera pas tomber. Je lui remets tout : ma fatigue, ma douleur, mes doutes. Je ne ressens ni peur ni tristesse. Juste une résignation paisible. Est-ce cela, l’épreuve ? Être conduit au-delà des limites du corps pour abandonner tout contrôle, tout attachement ? Laisser place à la confiance pure ? Une phrase émerge dans mon esprit, simple et absolue :

“Je suis à Toi.”


Invisible aux hommes, visible à Dieu



Autour de moi, le monde continue de tourner. Les passants marchent vite, absorbés par leurs pensées, leurs obligations. Ils ne me voient pas. Ou plutôt, ils m’aperçoivent sans me regarder, une silhouette floue dans leur vision périphérique. Un homme assis près d’une poubelle, un sac à dos en guise de compagnon.

J’ai de la compassion pour eux. Ils vivent dans un monde où l’on apprend à ignorer, à rationaliser l’indifférence. Nous naissons tous avec une idée instinctive de la justice. Puis, la vie nous façonne, nous raconte des histoires pour nous faire accepter l’inacceptable. On nous apprend à défendre l’indéfendable, à détourner le regard devant les plus vulnérables.

J’ai été comme eux. J’ai été celui qui passait sans voir, qui inventait des excuses pour ne pas tendre la main. Pire encore, j’ai été de ceux qui jugeaient. Que Dieu me pardonne.



Dépouillé de tout, riche de l’essentiel



Aujourd’hui, je suis de l’autre côté. J’ai tout perdu, ou peut-être ai-je tout gagné. Dans cette solitude, cette fatigue extrême, cette absence de désir, il ne reste que l’essentiel : Dieu et moi.

La rue est une leçon brutale et sincère. Elle dépouille, elle confronte, elle enseigne. Elle rappelle que rien ne nous appartient vraiment. Ni notre confort, ni notre statut, ni même nos forces physiques. Tout est don, tout est fragile.

Alors, je m’abandonne. Non par résignation, mais par foi. Parce que je sais, au plus profond de mon être, que je ne suis pas seul.

Un scribe s’approcha et lui dit : « Maître, je te suivrai partout où tu iras. »

20 Mais Jésus lui déclara : « Les renards ont des terriers, les oiseaux du ciel ont des nids ; mais le Fils de l’homme n’a pas d’endroit où reposer la tête. »

EVANGILE DE JÉSUS-CHRIST SELON SAINT MATTHIEU 8:19