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J’ai découvert les vertus de la tranquillité pour être en état de grâce. D’abord la tranquillité, comme un terreau à la prière.
Cette tranquillité n’est pas un luxe ou un simple apaisement extérieur, mais une condition intérieure, une disposition profonde de l’âme. Elle est comme un sol silencieux, humble et fécond, dans lequel la semence divine peut enfin germer. Sans ce calme intérieur, la prière devient bavardage, le cœur reste fermé, et l’écoute de Dieu se perd dans le tumulte. Le silence véritable, celui qui naît de la paix du cœur, est une offrande ; il n’est pas vide, il est rempli de présence. C’est là, dans ce silence nourri d’amour, que la grâce descend.
La tranquillité est aussi un détachement : des images, des bruits, des pensées agitées. Elle permet à l’âme de se rendre disponible, libre d’aimer, libre d’écouter. Un Chartreux dirait que le silence est le climat naturel de Dieu. Dans le vacarme du monde, dans les tentations qui capturent l’œil et dispersent le cœur, il devient presque impossible d’être véritablement en prière. Mais quand tout s’apaise, même les blessures trouvent à guérir dans cette lumière discrète que le silence laisse passer.
La paix intérieure est donc plus qu’un bien-être : elle est un espace sacré où Dieu peut se révéler, où l’homme peut enfin devenir lui-même, dans la vérité et l’humilité. Le silence prépare le cœur comme la nuit prépare le jour.
Mais comment entrer dans cette tranquillité, si rare dans le tumulte du monde moderne ? Ce n’est pas d’abord une technique, ni un simple exercice de relaxation. C’est une manière d’être, une conversion progressive du regard, de l’écoute et du rythme. Elle commence par le retrait : s’éloigner, ne serait-ce que brièvement, du vacarme, des écrans, des sollicitations inutiles. Non pour fuir le monde, mais pour redécouvrir le silence comme un espace vital de l’âme.
Le premier pas est l’attention : apprendre à se rendre présent à l’instant, à ce qui est là, sans jugement, sans fuite. C’est souvent dans de très petits gestes que naît la paix — une respiration profonde, une parole retenue, un regard qui choisit de ne pas se poser sur ce qui trouble. La tranquillité grandit à mesure que l’on simplifie la vie : moins de bruit, moins de précipitation, moins de dépendance à ce qui épuise l’âme.
Ensuite vient le silence librement choisi. Il ne s’agit pas de se taire pour se replier sur soi, mais de se taire pour accueillir. Le Chartreux vit dans un silence radical, mais chacun peut, à son niveau, consacrer des moments à cette absence de mots, pour que la Parole, la vraie, puisse se faire entendre. Il ne faut pas avoir peur de ce vide apparent : Dieu ne parle pas dans le tumulte, mais dans « le murmure d’un souffle léger » (1 Rois 19:12).
Enfin, il faut la fidélité. La tranquillité intérieure ne s’obtient pas en un jour, elle se cultive. C’est une fidélité discrète à la lumière, une vigilance douce sur le cœur. C’est accepter de ralentir, de renoncer à certaines habitudes pour mieux respirer, mieux prier, mieux aimer. Cela demande parfois du combat, car le silence révèle aussi ce que nous préférerions fuir : nos blessures, notre agitation, notre pauvreté. Mais si nous tenons bon, alors ce silence devient une rencontre. Il devient prière.
Et dans cette prière silencieuse, stable, offerte, l’âme entre peu à peu dans un état de grâce. Non pas une extase spectaculaire, mais une paix douce, profonde, stable. Une lumière tranquille. Comme l’écrit un Chartreux : « L’âme qui a trouvé le silence a trouvé le lieu même de Dieu. »